Depuis la
reconstruction de la Kaaba d’Abraham par le jeune Mahomet destiné à recevoir
les visions fondatrices de l’Islam (610 ap. J-C.), La Mecque est l’un des
centres religieux les plus importants du monde. Dans ce livre captivant,
Ziauddin Sardar, partisan d’un Islam critique, nous raconte l’histoire mouvementée
de cette ville, brisant ainsi la vision romantique d’une cité sainte au-dessus
des contingences politiques. En réalité, La Mecque, petite ville située dans un
désert inhospitalier, fut un enjeu de pouvoir incessant.
Emprunter avec
l’auteur les ruelles étroites de ce carrefour commercial permet de saisir l’histoire
riche et complexe d’un monde musulman dominé tour à tour par les Omeyyades
(611-750), les Abbassides (750-1258), mais aussi les Ottomans. Au milieu du
XVIIIe siècle, la prise en main de la ville par les Saoud permet à l’auteur de
se livrer à une critique en règle du wahhabisme, courant littéraliste et
particulièrement intolérant.
Aujourd’hui La
Mecque, dont le patrimoine est menacé par des constructions toujours plus
gigantesques, demeure un horizon pour les fidèles musulmans. On est d’ailleurs
frappé par le ton libre et chargé d’émotion de l’auteur qui ouvre son ouvrage sur
le récit de son propre pèlerinage. En cela, son beau livre est très
complémentaire de celui de Sylvia Chiffoleau (Le voyage à La Mecque, Paris, Belin, 2015) qui s’intéresse moins à
l’histoire politique de la ville qu’au pèlerinage en lui-même (le Hajj) qui
attire toujours trois millions de personnes chaque année.
Référence : Ziauddin Sardar, Histoire
de La Mecque. De la naissance d’Abraham au XXIe siècle, Paris,
Payot, 2015.