lundi 27 juin 2016

L'origine de l'Etat moderne

Professeur à l’université Paris IV, Olivier Chaline met à la disposition du public son cours consacré aux armées de la monarchie d’Ancien Régime. Il n’y est pas tant question d’opérations militaires que de logistique, d’ « histoire bataille » que de l’œuvre administrative la plus considérable de l’époque moderne qui contribua à engendrer l’État.
L’organisation de l’armée et de la marine, le ravitaillement, le recrutement des troupes, le financement mais aussi la direction de la guerre sont au cœur de cet ouvrage au plan suffisamment clair pour servir d’outil de travail aux étudiants et de point d’entrée aux amateurs afin d’embrasser la multitude d’études novatrices consacrées à cette question depuis plus de vingt ans.

Cet ouvrage de synthèse articule les grandes perspectives et les mises au point érudites et met judicieusement en relief le cas français par des exemples étrangers. Un bel hommage donc est rendu aux historiens précurseurs sur cette question que ce soit John Lynn, David Parrott ou encore Joël Cornette.

Référence : Olivier Chaline, Les armées du roi. Le grand chantier XVIIe-XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 2016.

Danton ou l'énergie révolutionnaire

Après une relative éclipse, les grandes figures révolutionnaires reviennent au-devant de la scène éditoriale. À la suite de son ouvrage consacré à Robespierre, Henri Leuwers, professeur à l’université Lille-III, dirige en compagnie de Michel Biard, un ouvrage collectif consacré à Danton (1759-1794).
Les contributions, d’égale qualité et très bien articulées entre elles, redonnent toute sa complexité à ce tribun hors pair, apôtre de l’énergie révolutionnaire. Haim Burstin, notamment, met en lumière les stratégies de Danton, enfant gâté de l’Ancien Régime avec sa charge d’avocat aux Conseils du roi, pour se reclasser dans la nouvelle société révolutionnaire.
Ce travail est heureusement complété par le livre inspiré de Martine Lecoq, journaliste, qui tente une troisième voie entre l’érudition universitaire et le roman historique qu’elle abhorre. Dans sa préface, Mona Ozouf souligne l’originalité de ce texte qui s’attache aux gestes, au corps et refuse de simplifier la personnalité ambivalente de celui qui fut à la fois doux et impitoyable, violent et bon amant.

Ces deux ouvrages donnent tout son relief à la carrière météorique de Danton et perturbent à bon profit nos catégories souvent trop tranchées des acteurs et des événements révolutionnaires.



Références : Michel Biard et Hervé Leuwers, Danton. Le mythe et l’histoire, Paris, Armand Colin, 2016 et Martine Lecoq, Danton, Paris, Van Dieren Éditeur, 2016.