En 1651, Marguerite Piplier
accoucha d’un enfant qu’elle fit baptiser comme le fils de son amant, et obtint
d’un tribunal ecclésiastique la rupture de son mariage. Mais une procédure intentée
par la famille de l’amant devant un tribunal royal la condamna à retourner avec
son mari qui dût accepter d’élever l’enfant au nom de la présomption de
paternité. Ces affaires judiciaires exploitées avec une grande finesse par
Sylvie Steinberg, directrice d’études à l’EHESS, lui permettent non seulement
de comprendre la position sociale des enfants nés hors mariage mais surtout de
jeter un regard neuf sur le fonctionnement des familles de l’Ancien Régime.
D’une manière générale, les tribunaux
royaux, contre l’Eglise, considéraient que le lien naturel était supérieur à
l’alliance, interdisant aux parents de renier leur progéniture, tout en les
laissant libres de sa plus ou moins grande intégration dans la famille. La
bâtardise nobiliaire montre à quel point l’État s’immisça dans l’ordre des
familles. Après 1600 en effet, les bâtards nobles durent solliciter des
lettres du roi pour garder leur noblesse.
Ce livre fin et incarné nous
rappelle que dans la France d’hier la famille reposait sur un ordre naturel déjà
difficilement défendable.
Référence : Sylvie Steinberg, Une tache au front, Paris, Albin Michel, 2016