À l’heure où l’Europe
s’interroge sur ses relations avec l’Asie du Sud et du Sud-Est, appelée à
l’époque les Indes, cet ouvrage nous offre non seulement un détour salutaire
sur l’histoire des échanges entre ces deux continents commencés au tout début
du XVIe siècle, mais permet surtout de nous détacher d’idées
convenues.
Jusqu’au XIXe siècle
et la prise de possession britannique du sous-continent indien, la présence
européenne se résumait à quelques enclaves peuplées de quelques dizaines
d’Européens, la plupart du temps en voie de métissage. Pour expliquer cette
première globalisation, les auteurs ne croient pas à la supériorité technique
de l’Europe. Ils font ainsi judicieusement remarquer que ce fut la concurrence
des « indiennes », les tissus imprimés en Inde, qui poussa les Anglais
à poser les bases de la Révolution industrielle en mécanisant la production
textile.
D’une manière générale, jusqu’au
XIXe siècle, les Asiatiques ne portèrent qu’un intérêt réduit à ces
Blancs venus de loin. En même temps, les auteurs soulignent qu’ils furent à
l’origine du développement d’une classe commerçante autochtone battant en
brèche l’opposition systématique entre les colonisés et les colonisateurs.
Refermant le livre, on est bien
obligé de s'interroger sur l'intensité et l'équilibre des échanges. Si les
épices et les tissus inondèrent l’Europe, les Indes engrangèrent des profits
commerciaux et développèrent une culture de la souveraineté qui fut la base de
leur émancipation après la Seconde Guerre mondiale.
Référence : Jean-Louis Margolin et Claude Markovits, Les Indes et l’Europe. Histoires connectées XVe-XXIe siècle, Paris, Gallimard, 2015.
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