En 1610, à la
cour de Jahangir, l’empereur Moghol, le jésuite Francesco Corsi déclara
qu’aucun homme doué d’intelligence n’accepterait la foi mahométane. De son
côté, le savant ‘Abdus Sattar lui manifesta son étonnement devant le Dieu des
chrétiens incarné dans un homme qui reçut 5 000 coups de fouet et
peut-être autant de crachats.
Dans ce livre
foisonnant et un peu déconcertant à cause de son découpage en trois longs
chapitres, Sanjay Subrahmanyam, professeur invité au Collège de France et
figure marquante de l’histoire-monde, nous plonge au cœur des cours rivales
dans l’Inde du XVIe siècle.
Sa manière
virtuose de croiser les sources persanes et portugaises, notamment, lui permet
de s’opposer à l’idée d’une incompréhension totale (« incommensurabilité »)
entre des espaces culturels mis en contact par l’arrivée des Occidentaux, la guerre,
la diplomatie mais aussi les influences réciproques dans la production
artistique.
Même si
l’histoire nationale est disqualifiée un peu vite, cette étude au prisme de
l’autre, permet de saisir plus finement la pluralité des dynamiques des mondes
modernes.
Référence : Sanjay Subrahmanyam, L'éléphant, le canon et le pinceau. Histoire connectée des cours d'Europe et d'Asie, Paris, Alma, 2016, 369 p.
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