L’histoire moderne
des sciences et des techniques en France, en Angleterre, aux Pays-Bas, dans les
Provinces-Unies et dans la péninsule italienne proposée à la réflexion des
candidats aux concours des professeurs du secondaire permet de confronter ces
deux domaines historiographiques trop longtemps séparés. En effet, la science
moderne, fondée sur l’observation et l’expérience, ne reposait pas seulement
sur des abstractions mais aussi sur des techniques à perfectionner ou à
inventer. Trois ouvrages collectifs permettent d’approfondir ces liens étroits.
Celui paru
dans la collection « Nouvelle clio » réunit une équipe internationale
de chercheurs afin de présenter une histoire globale des hybridations
techniques. D’abord, une série d’études géographiques sur les transports, le
textile, l’imprimerie… tachent d’en finir avec le schéma simplificateur de la
supériorité technique de l’Europe. Ensuite, des articles thématiques montrent
que le progrès technique ne fut pas linéaire et que partout dans le monde, à l’échelle
locale notamment, il y eut des tendances à l’intensification selon des
modalités différentes du modèle usinier anglais.
L’ouvrage
publié aux Presses universitaires de Rennes se concentre sur l’Europe et aborde
en une soixantaine de courts articles les thèmes incontournables pour
comprendre le grand basculement rationnel du XVIe siècle. Les
acteurs (savants, ingénieurs, cartographes…), les institutions et les
sociabilités montrent que le développement technique est certes lié à une
innovation mais surtout à un contexte politique et social. Utilement complété
par des focus sur des figures, des moments ou des objets, le livre, un peu
émietté dans son plan, ne permet cependant pas toujours de saisir les grandes mutations
entre 1500 et 1789.
C’est tout
l’intérêt du livre publié par les éditions Atlande dont les jeunes auteurs cherchent
à offrir non seulement une riche bibliographie à jour, mais aussi une synthèse
des grandes questions qui permettent de mieux comprendre, à l’échelle du monde,
la singularité technique et scientifique acquise par l’Europe à la fin du XVIIIe
siècle.
Références :
Camille Blachère, Benjamin Deruelle, Aurélien Ruellet, Pierre Teissier, Sciences, techniques, pouvoirs et sociétés, 1500-1789, Neuilly, Atlande, 2016.
Guillaume Carnino, Liliane Hilaire-Pérez, Alksandra Kobiljski, Histoire des techniques. Mondes, sociétés, cultures (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, PUF, 2016.
Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger, L’Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, XVe-XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 2016.
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