Le dernier
ouvrage de Yann Lignereux, professeur à l’université de Nantes, se penche une
nouvelle fois sur les représentations du roi. De Charles VIII à Louis XIV,
l’auteur souligne les modifications de ces images savamment construites pour
justifier des politiques ou désamorcer des crises. Si Charles VIII endosse les
signes du croisé, Henri IV les habits de Jupiter, Louis XIII la figure de
l’État et Louis XIV se suffit à lui-même, c’est bien à cause de la modification
profonde de la souveraineté royale. À partir d’images bien choisies, parfois
rares, et toujours finement commentées par une bibliographie exhaustive,
l’auteur insiste sur le caractère polymorphe des représentations royales qui
s’adaptent à ses différents publics. À ce titre, le terme de
« propagande » ne convient sans doute pas à l’imaginaire de la
majesté.
Ces réflexions
croisent le travail titanesque d’Ariane James-Sarazin, conservatrice en chef du
patrimoine, qui réussit non seulement à retracer la vie mais dresse le
catalogue raisonné de Hyacinthe Rigaud (1659-1743), peintre de l’une des icônes
de la monarchie absolue : le portrait de sacre de Louis XIV. Sans
délaisser l’histoire des représentations, cette étude se focalise sur le
contexte matériel, social et intellectuel dans lequel cet artiste au service de l’élite travailla.
La grande sensibilité artistique de l’auteur montre que
la performativité de ces œuvres « monarchiques » résidait d’abord
dans le savoir-faire des artistes.
Yann Lignereux, Les rois imaginaires. Une histoire visuelle de la monarchie de Charles VIII à Louis XIV, Rennes, PUR, 2016.
Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud, 1659-1743, Dijon, Faton, 2015.
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