Le 21 décembre 1609, Madeleine Demandolx, jeune ursuline,
brise un crucifix après, dit-elle, avoir reçu la visite du diable. Immédiatement,
ses supérieurs parlent de possession. Lors de son exorcisme, elle dénonce le curé
Gaufridy qui l’aurait ensorcelée par des caresses équivoques. Quoi de plus
banal en ce début du XVIIe siècle travaillé autant par les invasions
mystiques que diaboliques ? Sauf que tout ce beau monde se retrouve devant
le parlement d’Aix - ce qui est plus rare – et n’hésite pas à déballer toute cette
sordide histoire, laissant au passage de précieuses archives.
Jean-Raymond Fanlo, professeur de littérature de l’Université
d’Aix-Marseille, par une rude critique des sources et en fin psychologue,
restitue l’atmosphère saisissante des débuts de la réforme catholique en
Provence. Il conclut à la criminalisation de la révolte de cette jeune fille contre
une vie religieuse imposée et à l’injustice du sort de Gaufridy jeté sur le
bûcher (avril 1610) dans le seul but de terroriser les âmes tièdes.
Référence : Jean-Raymond Fanlo, L’Evangile du démon. La possession diabolique d’Aix-en-Provence (1610-1611)¸ Champ-Vallon, Ceyzérieu, 2017.
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