samedi 11 mars 2017

Les invasions démoniaques


Le 21 décembre 1609, Madeleine Demandolx, jeune ursuline, brise un crucifix après, dit-elle, avoir reçu la visite du diable. Immédiatement, ses supérieurs parlent de possession. Lors de son exorcisme, elle dénonce le curé Gaufridy qui l’aurait ensorcelée par des caresses équivoques. Quoi de plus banal en ce début du XVIIe siècle travaillé autant par les invasions mystiques que diaboliques ? Sauf que tout ce beau monde se retrouve devant le parlement d’Aix - ce qui est plus rare – et n’hésite pas à déballer toute cette sordide histoire, laissant au passage de précieuses archives.

Jean-Raymond Fanlo, professeur de littérature de l’Université d’Aix-Marseille, par une rude critique des sources et en fin psychologue, restitue l’atmosphère saisissante des débuts de la réforme catholique en Provence. Il conclut à la criminalisation de la révolte de cette jeune fille contre une vie religieuse imposée et à l’injustice du sort de Gaufridy jeté sur le bûcher (avril 1610) dans le seul but de terroriser les âmes tièdes.

Référence : Jean-Raymond Fanlo, L’Evangile du démon. La possession diabolique d’Aix-en-Provence (1610-1611)¸ Champ-Vallon, Ceyzérieu, 2017.

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