L’édition
de sources est devenue aujourd’hui suffisamment rare pour saluer l’édition exemplaire
du journal de Marie-Caroline de Habsbourg (1752-1814), reine de Sicile, par
Mélanie Traversier, maître de conférences à l’université Lille III. Au cours de
ses recherches sur l’Opéra, cette spécialiste de l’Italie des Lumières
découvrit ce document inédit mutilé par l’histoire. La partie consacrée aux
années 1786-1811 brûla dans un bombardement en 1943 ; celle des années
1781-1785, conservée séparément à Munich, échappa au désastre et put réintégrer
Naples en 1951 tandis qu’une partie de l’année 1785 semblait définitivement
perdue avant que l’auteur, par le plus grand des hasards, ne la retrouve chez
un collectionneur américain.
Si
ce texte est resté inédit c’est aussi qu’il est tout sauf un chef-d’œuvre littéraire.
Cette sœur de Marie-Antoinette tenait une sorte d’agenda au style aride, écrit
au jour le jour, dans un français très approximatif, presque dénué de
ponctuation et d’accentuation. À première vue, il raconte l’histoire bien
banale d’une archiduchesse devenue reine à Naples par son mariage (1768) avec
le falot Ferdinand IV, fils de Charles III d’Espagne. En réalité il révèle les
talents politiques d’une femme qui ne se contenta pas d’être une princesse aux
dix-sept grossesses. Elle fut une souveraine siégeant au Conseil d’État, capable
d’arrimer Naples à cette Italie autrichienne gouvernée par l’abondante
progéniture de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse.
La très informée introduction de Mélanie Traversier insiste sur l’importance de ce document pour comprendre l’Italie trop méconnue de la fin du XVIIIe siècle. Les voyages en Italie, la vie de cour, les spectacles, les arts, les soins du corps, l’intérêt pour l’éducation des enfants, les intrigues pour les marier dans les meilleures familles, la curiosité pour les manufactures, les sciences, le goût pour l’urbanisme, l’ennui aussi d’une vie faite d’obligations dessinent le portrait d’une reine qui voulait gouverner son royaume sans rien sacrifier à la grandeur de la maison des Habsbourg.
La très informée introduction de Mélanie Traversier insiste sur l’importance de ce document pour comprendre l’Italie trop méconnue de la fin du XVIIIe siècle. Les voyages en Italie, la vie de cour, les spectacles, les arts, les soins du corps, l’intérêt pour l’éducation des enfants, les intrigues pour les marier dans les meilleures familles, la curiosité pour les manufactures, les sciences, le goût pour l’urbanisme, l’ennui aussi d’une vie faite d’obligations dessinent le portrait d’une reine qui voulait gouverner son royaume sans rien sacrifier à la grandeur de la maison des Habsbourg.
Référence : Mélanie Traversier, Le Journal d’une reine. Marie-Caroline de Naples dans l’Italie des Lumières, Champ Vallon, Ceyzérieu, 2017.
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