Le 28 mai 1754, dans la haute vallée de l’Ohio, le capitaine
français Jumonville, venu s’opposer à l’avancée des Anglais, fut assassiné par leurs
alliés indiens. Ce n’est pas par goût de la mise en scène que l’auteur commence
sur ces « objets aussi chétifs » qui marquèrent le début de la
guerre, mais pour rappeler qu’elle résultait du choc des impérialismes franco-anglais
en Amérique du Nord. L’occasion aussi de rappeler que la France ne perdit pas ses
colonies faute d’avoir voulu les défendre.
Peu de guerres impliquèrent autant de belligérants : les
principales puissances européennes, une douzaine de tribus indiennes, nombre de
principautés allemandes, dont le Hanovre, possession de Georges II roi d’Angleterre,
sans oublier l’Inde… Peu de guerres présentèrent une dimension si composite à
la fois coloniale, maritime et européenne, comme Jonathan R. Dull l’avait déjà souligné.
Mais l’auteur, grâce à des sources très diverses, met quant
à lui l’accent sur les enjeux idéologiques du conflit. Il montre par exemple le
rôle décisif des opinions publiques. William Pitt, partisan d’une guerre
maritime à outrance, ne fut pas porté au pouvoir par Georges II, qui le
détestait, mais par les notables qui refusaient de sacrifier les intérêts
coloniaux à la défense du Hanovre. Le gouvernement de Louis XV, qui retourna
ses alliances en se rapprochant de l’Autriche, était très soucieux de
construire un consensus autour de sa politique. Bref, les peuples prirent la
parole et étaient bien décidés à la garder.
Cette synthèse remarquable, qui complète le livre de
Jonathan R. Dull, fera à coup sûr référence.
Référence : Edmond Dziembowski, La
guerre de Sept Ans. 1756-1763, Paris, Perrin, 2015.