Depuis le livre d’André Corvisier
consacré à Louvois, paru il y a plus de trente ans, notre connaissance de
l’histoire militaire a été considérablement renouvelée. On en sait davantage
sur l’organisation, mais aussi sur l’approvisionnement, le commandement et le
financement de la plus grande armée européenne de cette époque. C’est à l’aune
de ces recherches récentes que Jean-Philippe Cénat jette un regard neuf sur
l’administrateur hors pair que fut François Michel Le Tellier, marquis de
Louvois.
L’auteur nous dresse un tableau
quasi exhaustif de cette personnalité aussi enflammée que grossière, cavalier
avec les femmes, ne doutant de rien, de ce stratège toujours partisan de la
manière forte, mais aussi de l’homme de réseaux qui mit sur pieds un
gigantesque complexe militaro-industriel au profit de l’armée et de sa fortune
personnelle.
Après la mort de Colbert, en
1683, il devint incontournable, érigeant l’art de la guerre en véritable
science administrative. Pourtant huit ans plus tard, quand Louvois fut foudroyé
par une apoplexie, son étoile avait pâli. Le roi lui reprochait cet air
d’autorité qui froissait sa susceptibilité souveraine et ses manières brutales
qui avaient précipité la France dans une nouvelle guerre contre l’Europe
coalisée : la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697).
C’est avec un vrai plaisir que
l’on suit dans ce livre cette vie de travail et de lutte pour le pouvoir. À
n’en pas douter, l’ouvrage va demeurer longtemps la biographie de référence du
plus talentueux secrétaire d’État de la guerre de Louis XIV.
Référence : Jean-Philippe Cénat, Louvois. Le double de Louis XIV, Paris, Tallandier, 2015.
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