Quatre-vingts six représentants du peuple perdirent la vie
pour des raisons politiques entre 1793 et 1795. Comment peut-on arrêter, mettre
en accusation et juger un représentant de la nation, constitutionnellement
inviolable ? Telle est la question que se pose Michel Biard en préambule
de ce livre qui nous plonge dans la violence politique d’une révolution où les
alliés d’hier s’éliminèrent sans scrupule.
En effet, ce fut bien l’affrontement entre les Girondins et
les Montagnards, noué à cause de la modération des premiers au procès de Louis
XVI, qui explique les arrestations, les exécutions, les suicides voire les
assassinats en pleine rue. Sans se détourner des figures les moins connues, les
dossiers les plus célèbres sont ouverts à nouveau, de la fuite un peu minable
de Brissot à l’improbable suicide de Robespierre. Les rapports d’autopsie, les minutes
judiciaires fournissent une vision accablante d’un pouvoir d’exception qui
avait du mal à accepter la contradiction démocratique.
À lire ce livre, on mesure combien la Révolution, après
avoir déployé une énergie réformatrice salutaire, retourna toutes ses
contradictions contre elle au point de nier les plus essentiels de ses
principes : la souveraineté populaire et l’État de droit. La guerre
européenne, souvent invoquée pour expliquer cette radicalisation, parait, en
ces pages, éclipsée par l’intolérance des hommes. On suit avec plaisir cette
réflexion même si le style descriptif brouille parfois un peu le propos.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire