lundi 30 mars 2015

L’automutilation d’une assemblée


Quatre-vingts six représentants du peuple perdirent la vie pour des raisons politiques entre 1793 et 1795. Comment peut-on arrêter, mettre en accusation et juger un représentant de la nation, constitutionnellement inviolable ? Telle est la question que se pose Michel Biard en préambule de ce livre qui nous plonge dans la violence politique d’une révolution où les alliés d’hier s’éliminèrent sans scrupule.

En effet, ce fut bien l’affrontement entre les Girondins et les Montagnards, noué à cause de la modération des premiers au procès de Louis XVI, qui explique les arrestations, les exécutions, les suicides voire les assassinats en pleine rue. Sans se détourner des figures les moins connues, les dossiers les plus célèbres sont ouverts à nouveau, de la fuite un peu minable de Brissot à l’improbable suicide de Robespierre.  Les rapports d’autopsie, les minutes judiciaires fournissent une vision accablante d’un pouvoir d’exception qui avait du mal à accepter la contradiction démocratique.
À lire ce livre, on mesure combien la Révolution, après avoir déployé une énergie réformatrice salutaire, retourna toutes ses contradictions contre elle au point de nier les plus essentiels de ses principes : la souveraineté populaire et l’État de droit. La guerre européenne, souvent invoquée pour expliquer cette radicalisation, parait, en ces pages, éclipsée par l’intolérance des hommes. On suit avec plaisir cette réflexion même si le style descriptif brouille parfois un peu le propos.

Référence : Michel Biard, La liberté ou la mort. Mourir en député. 1792-1795, Paris, Tallandier, 2015

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