dimanche 3 avril 2016

Au prisme de l'autre


En 1610, à la cour de Jahangir, l’empereur Moghol, le jésuite Francesco Corsi déclara qu’aucun homme doué d’intelligence n’accepterait la foi mahométane. De son côté, le savant ‘Abdus Sattar lui manifesta son étonnement devant le Dieu des chrétiens incarné dans un homme qui reçut 5 000 coups de fouet et peut-être autant de crachats.
Dans ce livre foisonnant et un peu déconcertant à cause de son découpage en trois longs chapitres, Sanjay Subrahmanyam, professeur invité au Collège de France et figure marquante de l’histoire-monde, nous plonge au cœur des cours rivales dans l’Inde du XVIe siècle.
Sa manière virtuose de croiser les sources persanes et portugaises, notamment, lui permet de s’opposer à l’idée d’une incompréhension totale (« incommensurabilité ») entre des espaces culturels mis en contact par l’arrivée des Occidentaux, la guerre, la diplomatie mais aussi les influences réciproques dans la production artistique.

Même si l’histoire nationale est disqualifiée un peu vite, cette étude au prisme de l’autre, permet de saisir plus finement la pluralité des dynamiques des mondes modernes.

Référence : Sanjay Subrahmanyam, L'éléphant, le canon et le pinceau. Histoire connectée des cours d'Europe et d'Asie, Paris, Alma, 2016, 369 p.

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