samedi 26 novembre 2016

La famille recomposée

En 1651, Marguerite Piplier accoucha d’un enfant qu’elle fit baptiser comme le fils de son amant, et obtint d’un tribunal ecclésiastique la rupture de son mariage. Mais une procédure intentée par la famille de l’amant devant un tribunal royal la condamna à retourner avec son mari qui dût accepter d’élever l’enfant au nom de la présomption de paternité. Ces affaires judiciaires exploitées avec une grande finesse par Sylvie Steinberg, directrice d’études à l’EHESS, lui permettent non seulement de comprendre la position sociale des enfants nés hors mariage mais surtout de jeter un regard neuf sur le fonctionnement des familles de l’Ancien Régime.
D’une manière générale, les tribunaux royaux, contre l’Eglise, considéraient que le lien naturel était supérieur à l’alliance, interdisant aux parents de renier leur progéniture, tout en les laissant libres de sa plus ou moins grande intégration dans la famille. La bâtardise nobiliaire montre à quel point l’État s’immisça dans l’ordre des familles. Après 1600 en effet, les bâtards nobles durent solliciter des lettres du roi pour garder leur noblesse.

Ce livre fin et incarné nous rappelle que dans la France d’hier la famille reposait sur un ordre naturel déjà difficilement défendable.

Référence : Sylvie Steinberg, Une tache au front, Paris, Albin Michel, 2016

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